Le méreau

Pendant l’été 2017 ont été conduites des fouilles dans la cour du couvent des Ursulines. L’importance de la surface à fouiller et de la stratigraphie découverte ont engendré la manutention d’importantes masses de terre qui ont été observées scrupuleusement par les archéologues, mais n’ont pu être tamisées en totalité vu la rapidité de l’intervention et le peu de délai qu’ils avaient.
C’est dans ce contexte qu’un membre de l’association des Amis du Vieil Auvillar est intervenu, après avoir obtenu l’autorisation d’examiner les dépôts de terre, avec l’aide d’une personne possédant un équipement spécial. Il a donc été découvert une petite pièce métallique.
Après nettoyage et étude, celle-ci s’est avérée être un méreau. Son diamètre est de 16mm (équivalent à une pièce de 1 centime d’Euro), et son poids de 1 gramme. Il est réalisé en plomb (alliage probable de plomb et d’étain).
L’objet a été examiné et expertisé par M. Jacques Labrot, du CNRS : son décor est constitué, avers et revers, d’une croix (pattée sur une face), dont les cantons sont ornés de chevrons. La bordure est hachurée, à la manière de nombre de ces plombs du XIIIe siècle, datation qui semble la plus probable. Ce décor est d’un type qui aurait déjà été rencontré en Albigeois ainsi qu’en Gironde.
Ces pièces avaient un usage polyvalent et pouvaient être utilisées en gage de rémunération journalière, ou bien de présence aux offices d’un établissement religieux, en attendant que les dits plombs accumulés soient convertis à terme échu, contre leur valeur en pièces d’argent de bon aloi. Leur existence s’explique par la pénurie de monnaie divisionnaire. Ils furent tout d’abord employés dans le domaine ecclésiastique à partir du XIIIe siècle comme jeton de présence : ils donnaient droit à un repas ou à une portion de pain. Les ecclésiastiques pouvaient ensuite les utiliser en guise d’aumône et d’en faire profiter les pauvres.
La présence d’un méreau dans la cour du couvent des Ursulines ne s’aurait s’expliquer par la présence de cet établissement, créé à l’époque moderne (1648). Il est plus probable qu’il ai appartenu à l’un des occupants des maisons médiévales dont les vestiges, découverts sur le site, sont datables dans une fourchette allant de la fin du XIIIe au début du XVe siècle.