Généralités

FAIENCES D’AUVILLAR

L’apparition de la faïence à Auvillar, succédant à une ancienne activité potière, date de 1739.

Louis XIV, engagé dans des guerres ruineuses et des dépenses somptuaires se voit contraint d’ordonner la fonte des vaisselles d’or, d’argent, de vermeil, possédée par la noblesse, le haut clergé et la grande bourgeoisie.

Parallèlement, ces mêmes classes sociales sont invitées à favoriser partout où cela est possible, le financement de manufactures de faïences semblables à celles existant déjà à Nevers, Rouen. C’est ainsi que la première faïencerie d’Auvillar, celle de Du Gout de Lassaigne fut créée en 1739 (24 ans après la mort de Louis XIV).

La faïence stannifère est une terre cuite argileuse recouverte d’un émail opaque blanc à base d’étain et de plomb, ce qui la rend imperméable.

La terre utilisée est recueillie à Auvillar et aux alentours, dans les carrières d’argile et de marne calcaires. Cette terre extraite est épurée, malaxée et enrichie de dégraissant, du sable principalement à Auvillar, pour faciliter le séchage. Après lavage et tamisage, la terre sera stockée, plusieurs mois (5 ou 6 mois minimum). Pour être employée, celle-ci doit-être homogénéisée par le marchage et la foulée aux pieds pour éliminer les bulles d’air et les éléments durs. La terre est ensuite façonnée par tournage et moulage.

Après façonnage, la pièce en argile est mise à sécher, avant de subir une première cuisson, de 1180°C à 1380°C. On obtiendra alors un « biscuit » ou un « dégourdi ».
L’émaillage de ce biscuit a lieu après refroidissement. Il se fait par immersion dans une solution aqueuse à base d’oxyde de plomb et d’oxyde d’étain.
Elles reçoivent ensuite éventuellement un décor coloré (mais la plupart des faïences vendues étaient blanches). L’opération est très délicate car la terre est encore poreuse et boit les oxydes colorants, l’émail n’est pas encore dur car non cuit et se comporte comme une poudre blanche. Le peintre doit donc être très habile.

Les oxydes métalliques connus pour donner les couleurs sont peu nombreux. On n’a donc que le bleu de cobalt, le vert de cuivre, le brun violacé de manganèse, le jaune d’antimoine et le rouge de fer, seules couleurs à résister à la cuisson en grand feu. Le bleu de cobalt est la couleur la plus employée car c’est celle qui supporte le mieux la cuisson à haute température.
Après une retouche au pinceau des traces de pinces, mais aussi des manques d’émail qui se produisent à certains endroits délicats, la pièce est prise par le décorateur qui pourra en disposer, après quelques heures de séchage. Ce travail demande une grande sûreté de main, car il faut poser le décor très rapidement et sans possibilité de retouche car les oxydes métalliques qui forment les émaux colorés sont instantanément absorbés par cette couche pulvérulente.

A AUVILLAR, le décor est exécuté de 3 façons :
– à main levée
– au poncif
– au pochoir

  • Le décor à main levée : Donne une entière liberté d’inspiration et d’exécution à l’artiste.
  • Le poncif : Le poncif est employé pour la répétition identique de décors. Le poncif, posé sur la pièce, est tamponné à l’aide d’un petit sachet de toile rempli de poudre de charbon de bois. La poudre pénètre les trous du poncif et reporte le motif sur la pièce à décorer. Ce tracé fantôme sert de guide au peintre pour exécuter son décor. Cette empreinte n’est qu’un guide pour le décorateur, qui pourra modifier et réaliser ensuite le décor à l’aide de pinceaux enduits d’émaux colorés par des oxydes métalliques.
  • Le pochoir : Consiste à peindre avec une brosse l’intérieur d’un motif dessiné sur une feuille de laiton évidée. Un décor polychrome nécessite autant de pochoirs qu’il y a de couleurs. C’est à la fin de la restauration vers 1830, qu’apparaissent à Auvillar les premiers décors à pochoir.
    Le décor achevé, les pièces sont enfournées. Les faïences proprement dites sont « de grand feu », avec une cuisson de 1050°C à 1180°C. Pour éviter tout collage à la fusion de l’émail, les séries d’assiettes sont isolées les unes des autres et empilées dans des « gazettes » en terre réfractaire et séparées par 3 petites pièces triangulaires et pointues, mobiles, également en terre réfractaire, réutilisables, appelées « pernettes ». La cuisson s’effectue dans des fours à bois.

Le four, fermé soigneusement, est chauffé pendant 30 à 36 heures. Après un refroidissement de 24 heures, le faïencier peut défourner. C’est là qu’il constate la réussite ou l’échec de son œuvre, car aucune reprise n’est possible.

Vers 1840, les faïences blanches sont abandonnées au profit de terres vernissées (bouquetière ci-contre), de couleur marron principalement, car les oxydes d’étain et de plomb sont devenus trop chers et la concurrence se fait plus forte avec l’existence de grandes fabriques industrielles comme à Limoges.
Mais les fabricants auvillarais se sont bien adaptés et ont livré une quantité colossale de terres vernissées vers Bordeaux et dans le Gers.

C’est ainsi que furent confectionnés, des milliers de plats, assiettes et objets, dans les 20 petites entreprises artisanales, appelées fabriques. Se succédant de 1739 à 1909, elles ont fait rayonner AUVILLAR, dans notre région et bien au-delà.