Terres vernissées

Sur les factures des “fabricants de faïences” auvillarais, le terme aujourd’hui usité de “terres vernissées” n’est jamais utilisé. Toutes les pièces recouvertes de glaçure plombifère et non pas d’un émail stannifère sont regroupées, et ce jusqu’à la fin de leur production, sous le vocable “faïences grises”. La statistique de 1848 ce type de produit est également répertorié sous le terme de “poterie grise, dite de Gênes”. Les matières premières pour réaliser cette glaçure sont : “terre, sable minium (oxyde de plomb)”. Ce sont les mêmes matières premières que l’on retrouve dans les cahiers de compte de Maxime Castex et de Philip Maurer.
les terres vernissées sont recouvertes de glaçures de tonalités diverses : rouge, jaune, brune et , de façon plus rare, verte.
Parmi les pièces décoratives, outre un spectaculaire buste de Napoléon, qui témoigne, si besoin était, des remarquables compétences techniques des faïenciers auvillarais, on retiendra tout particulièrement un pichet dont le col orné de profils en relief, qui évoquent les décors d’applique de la faïence anglaise du début du XIXe siècle mais également le travail de Jean Honoré Boudon de Saint-Amans. Celui-ci se passionne pour la faïence fine anglaise avec l’ambition de réaliser des produits capables de rivaliser avec elle. Il a fait des essais avec des argiles d’Auvillar et il est probablement venu à Auvillar rencontrer les faïenciers locaux. Un faïencier auvillarais a ensuite peut-être tenté une ou plusieurs pièces à reliefs d’applique. Cependant, le profil en relief qui figure sur ce pichet semble représenter le père de Boudon, il pourrait donc s’agir d’un travail de Saint-Amans fils.

Les anciennes faïenceries de Montauban, Ardus,
Nègrepelisse, Auvillar, Bressols, Beaumont, etc.
(Tarn et Garonne) – 1876 – Edouard Forestié

Extrait :

«  Dans les magasins de l’usine Ducros on conserve une grande quantité d’objets en terre vernissée, qui trahissent une certaine habileté de modelage et beaucoup de goûts, tels que vases de jardin d’un bon style, épis ou étocs pour faîtes de pigeonniers, un Napoléon sur sa colonne, un Bacchus sur son tonneau. Toutes ces pièces sont attribuées à un vieil ouvrier de la faïencerie, mort depuis quelques années….. »

Le musée possède un autre pichet fabriqué de la même manière que celui de St-Amans, avec des feuilles en relief d’applique.

Une autre pièce témoigne de la parfaite connaissance par les faïenciers auvillarais des productions de “faïence fine” anglaise. Il s’agit d’une écuelle couverte à décor dit d’herborisation, très proche d’une pièce en terre de pipe de Montauban des années 1800/1810. A Auvillar, l’utilisation de ce décor se fait sur fond de terre crème, et non blanc comme à Creil.