La batellerie

Musée de la batellerie – les Ex-Votos

La Chapelle Sainte-Catherine, une histoire de bateliers

Des origines jusqu’au milieu du XIXe siècle, la Garonne a permis non seulement de multiplier les échanges de marchandises mais aussi et surtout de favoriser le contact entre les hommes.
L’origine du PORT d’AUVILLAR est sans doute un ancien péage qui existait déjà, à cet endroit, en 1204. En 1789, la Commune d’AUVILLAR comptait encore quarante-neuf familles de matelots.
Ces mariniers, véritables professionnels de la batellerie, étaient des hommes pleins d’énergie, d’audace et de sang-froid; ils avaient une connaissance parfaite de la rivière et jouissaient d’une considération dont ils se prévalaient.

Leur devise était :

« Vilain sur terre, Seigneur sur l’eau je suis »

Ils vivaient 12 à 16 heures par jour sur les embarcations et couchaient, le soir venu, dans des auberges de la rive.
AUVILLAR était très renommé pour ses auberges et on s’y arrêtait toujours car le péage était obligatoire.
Les gens de marine, comme s’intitulaient les bateliers, avaient dans chaque port, leur église particulière. Presque toutes ces chapelles sont dédiées à Sainte-Catherine, patronne des gens de la rivière et des philosophes.

Tableau de Sainte-Catherine dans la Tour de l’Horloge

Le port d’AUVILLAR a la sienne.

L’église des marins date vraisemblablement de l’époque Carolingienne. Il est encore possible de voir, au dessus du porche, à l’extérieur, un monogramme du Christ du IXe siècle. Ce chrisme est un important symbole de l’Église primitive.
On y trouve notamment les lettres grecques : « α et  ω »   « l’alpha et l’oméga  » (Le commencement et la fin), et les deux premières lettres de Christos, en grec, X P.

Ce monogramme dont le symbolisme puissant se perd dans la nuit des temps, a été reconstruit au cours de l’hiver 2009-2010, sous l’égide des Bâtiments de France. Le chrisme d’origine était trop détérioré par les attaques du temps! La charpente de l’édifice a également été entièrement refaite.

Chrisme Chapelle Ste-Catherine au Port

Les marins effectuaient des offrandes à leur Sainte protectrice. Ils achetaient ou fabriquaient eux-mêmes ces ex-voto. De nombreux ont ainsi été retrouvé dans la chapelle; la plupart représentent des navires de guerre. Le Musée d’AUVILLAR les conserve précieusement.

Ex-voto

La plupart des peintures murales visibles doivent dater du XVIIIe siècle. Leur état de conservation est remarquable compte tenu du peu d’entretien dont elles ont fait l’objet.
Cependant , le crépi s’écaille par endroit et laisse entrevoir des peintures bien plus anciennes pouvant avoir été exécutées au XIVe siècle.
Sur cette photo , on peut voit un personnage assis sur un trône ; de part et d’autre du trône sont peints deux animaux mythiques.

Peinture murale

L’inscription maritime

Colbert est à l’origine de la maîtrise des mers par la France. Beaucoup de bateaux sont construits et et cela déciment les forêts du Périgord et les sapins des Pyrénées. De même, il fallait beaucoup d’hommes pour armer ces bateaux. C’est alors que fut créée l’inscription maritime, sorte de service militaire maritime. Des Auvillarais ont donc fait la campagne d’Amérique entre 1790 et 1792. Au XVIIIe siècle, les besoins de la marine de guerre étant réduite, les marins se tournent vers la marine marchande. Le développement des colonies antillaises fait de Bordeaux le grand port d’embarquement.

Les moulins à nef

Jusqu’au 17ème siècle, la minoterie n’est encore qu’une industrie locale comprenant de nombreux moulins disséminés dans la campagne. Les moulins sont souvent de deux modèles : moulin de Pech (hauteur) et moulins de rivière dans les petites vallées, en particulier sur l’Arratz. À partir de cette date, la moyenne Garonne devient un grand pays de blé et la Garonne devient le fleuve des moulins à nef.
L’origine des moulins à nef remonte aux premiers siècles. Au moyen-âge, la plupart des fleuves français et même européens, accueillent des moulins-bateaux. Les moulins à nef sont constitués de deux nefs (bateaux de 12 mètres de long) séparés par une roue à aube.
Les moulins à nef se trouvent directement sur la voie de navigation et gène le passage des bateaux. Il y a beaucoup d’accidents. À partir de 1792, l’emplacement et les réparations des moulins à nef sont soumis à de nombreux arrêtés. Le 5 mai 1835, les Ponts et Chaussées interdisent les réparations, et les moulins à nef finissent par disparaitre.

maquette d’un moulin à nef

Le port d’Auvillar

Les ports sont appelés  « passage  » ou  «  cale  » ou simplement  «  port  ». Ils sont de 2 catégories, ceux où se fait le trafic et ceux où habitent les gens de la rivière. Auvillar fait partie de ce dernier type. En 1789, il y avait 49 familles de matelots. Le port d’Auvillar a pour origine un ancien péage appelé  « taille foraine » ou  « travers ». Ce péage existe déjà en 1204. Les vicomtes ont l’autorisation de lever des droits de leudes sur les marchandises portées par les étrangers dans la ville ou seulement traversant le port d’Auvillar. Certains vicomtes ont même tendu des embuscades avec plusieurs hommes d’armes, aux bateaux de passage. Un certain nombre de péages garonnais est associé de plus ou moins près au site d’un château. Le péage d’Auvillar était installé sous le château des vicomtes qui domine le niveau du fleuve d’une centaine de mètres. Les origines d’une seigneurie comme Auvillar ont été assurément liées à l’institution du péage, qui a suivi les vicissitudes de la vicomté d’Auvillar et de Lomagne.
 

Maquette de gabarre au musée de la batellerie.

Les bacs sur la Garonne

Les exploitants des bacs sont appelés les fermiers. Ils ne doivent pas transporter plus de 50 personnes. L’utilisation du bac ne peut avoir lieu entre le coucher et le lever du soleil. Bien sûr, les crues de la Garonne perturbent beaucoup les passages d’une rive à l’autre.

Maquette d’un bac

Le pont sur la Garonne

L’instabilité du cours de la Garonne, l’absence de berges fixes et la largeur de la plaine inondable rendent difficile la construction des ponts. Aussi la Garonne fut-elle par excellence une rivière sans pont. Il n’y avait aucun pont de Bordeaux à Toulouse. La commune d’Auvillar est sollicitée par la société des ponts en fil de fer, en 1841, pour la construction d’un pont suspendu en remplacement du bac existant. Il sera soumis à un droit de péage pour amortir les frais de construction pendant 49 ans. Le bac cesse donc en juillet 1845, lors de la mise en service du pont. Il présenta de sérieuses avaries en 1856/1857 et a dû subir de nombreuses réparations. Il fut utilisé jusqu’en 1939, puis remplacé par le pont actuel.